Harmonie Municipale de Bousbecque

Les grandes figures

Les premières médailles

En 1904, M. Paul Dalle, vice-président de la société, voulut récompenser les dirigeants dévoués...

sollicita auprès du maire, une médaille d'argent pour MM. Léon Dalle-Lorthiois, Président depuis plus de trente ans (et qui pourrait en fait avoir été le premier Président et G. Casier, membre lui aussi depuis plus de trente ans.

Le Conseil municipal (séance du 2 juin 1904) sur proposition de M. LouisDumortier, décida qu'il y avait lieud'offrir ces médailles et émit l'avis qu'il fut organisé àcette occasion une fête musicale à laquelle seraient invitées les sociétés des environs. Cette fête fut fixée au 17 juillet.

Pour aider l'harmonie municipaleet relever l'éclat des fêtes, la commune accepta l'offre de Mme VveVilainqui voulait vendre le kiosquedont elle était propriétaire. Les deux parties se mirent d'accord sur la somme de 700 F, sous réserves d'expertise. dit le conseil. Hélas. les experts contactés se récusèrent et l'affaire fut remise à plus tard. On projeta d'organiser une fête en 1910mais un conseiller municipal demanda de la reporter, l'uniforme des musiciens n'étant plus tellement présentable... Le conseil accepta cette proposition et fixa la date de la fête à juin 1913... Ilsemble pourtant que les musiciensn'aientpas été dotés d'une nouvelle tenue pour cette date.

Article du 9 Avril 1966 - à propos du centenaire

Henri BRUNELLE, un demi siècle consacré à l'art musical

Parmi les nouveaux décorés, nous avons relevé avec plaisir le nom d'un vétéran de la société, l'un des plus dévoués et des plus méritants. Nous voulons parler de M. Henri Brunelle, à qui vient d'être décernée l'Etoile fédérale, en récompense de ses 51 années de dévouement à l'art musical.

Cette fête, que présidera M. Léon Manaut, président de la Fédération des musiques du Nord et du Pas-de-Calais est organisée par la Musique Municipale, avec le concours de la Musique de Wervicq-sud, à l'occasion de la remise de distinctions à de vieux musiciens bousbecquois. Nous en avons publié la liste.

Originaire de Bousbecque, où sa famille est aussi connue qu'honorée, M. Brunelle, qui aujourd'hui est âgé de 61 ans, est entré à la Musique Municipale à l'âge de onze ans. Six ans plus tard, il tenait déjà la partie de piston-solo. Après avoir accompli son service militaire, comme musicien, il reprenait sa place dans la société locale, à laquelle il n'a cessé d'apporter son concours le plus actif et leplus dévoué, il y remplit les fonctions de sous-chef en même temps que celle de piston-solo

Le vieux musicien qu'est M. BrunelIe peut être considéré comme l'animateur de l'art musical à Bousbecque. La Société municipale lui doit de nombreux membres que bénévolement il a formés. Nul ne saura jamais les efforts accomplis à cette occasion par M. Henri Brunelle. Et c'est pourquoi il jouit de la sympathie de tous les musiciens reconnaissants.

Ajoutons que le dévoué sous-chet fut l'un, des fondateurs de la société chorale « L'Union Orphéonique » dont il fut longtemps le directeur.

M. Brunelle était déjà titulaire de la médaille d'honneur des Sociétés musicales et chorales, décernée par le Gouvernement.

Exerçant la profession de mécanicien, M. Brunelle est en outre décoré de la médaille d'honneur du travail qui lui a été accordée, en récompense des longs et loyaux services rendus à la Maison Dalle frères et Lecomte.

Nous nous joignons aux nombreux amis de M. Brunelle, pour lui adresser nos meilleures félicitations à l'occasion de la nouvelle distinction dont il vient d'être l'objet.

Avec le nouveau décoré, la Musique municipale de Bousbecque compte aujourd'hui trois titulaires de l'Etoile Fédérale.

Les deux autres sont: MM. Gustave Cazier, conseiller municipal et sous-lieutenant de la Société et Alphonse Bavant, adjudant. Celui-ci .fait partie de la Musique depuis 62 ans. –

Article de presse de 1931

En 1958, L'Harmonie comptait dans ses rangs, sept musiciens décorés de l'ÉTOILE fédérale.

Par plus d’unpoint, la cérémonie qui dimanche, à 11 h, réunit dans la salle de la rue des Bersaults, les musiciens de la Musique municipale et ceux de la Saint Michel, était exceptionnelle.

Trois musiciens bien connus dans notre commune, MM Alfred Dillies, Albert Crop et Albert Brunelle, les « Trois A ou les trois As » comme devaitgentiment les désigner, le viceprésident. M. Edouard Hazebrouck, ont reçu la plus haute distinction musicale. et par elle, ils vont rejoindre les quatre autres étoiles Fédérales. de la Musique municipale : MM. Etienne Debruyne, Jules Knockaert, Eugène Delahaye et Henri Brunelle. Ce dernier, ancien sous- chef, a vu son filsAlbert, recevoir l'étoile Féderale et c’est certainement un fait sinon unique, du moins rare, que de trouver un père et un filstitiulairede la même distinction.

M. Alliert Crop qui demeure 15, Grand'Place, où il exerce la profession de coiffeur et où il tient aussi le siège, bien connu, des anciens combattants, est né en janvier 1892, à Bousbecque. Il est ancien combattant de la Grande guerre. En 1906. il entre dans la Musique municipale comme buggle ; actuellement il tient le pupitre de trombone à coulisse.

M. Albert Brunelle, 1, rue Saint-Joseph. est néà Linselles, en aoùt 1891. Il entra dans la société en avril 1908, comme piston. Il est à présent baryton. M. Brunelle est médaillé du travail des Ets Dalle où il est expéditeur. L'an prochaîn, il comptera dans cet établissement, cinquante années de travail.

Son père, M. Henri Brunelle est, lui aussi tittilaire de l'Etoile Fédérale et officier d'Acadlémie.

M.Alfred Dillies, 8. rue Léon Six, est né à Bousbecque en 1893. Lui aussi, est entré dans la société de musique en 1906 comme buggle, pupitre qu'il tient toujours. En 1946. M. Dillies succéda àM. Brunelle au poste de sous-chef, tandis qu'il passait, il y a trois ans, à son fils, excellent musicien, lui aussi, la direction de l'Union orphéonique.

M. Dillies qui est entrepreneur de menuiserie, est officer d’Académie.

Lievin REINQUIN : Jubilé pour 57 années de musique

A cette occasion Ph CARON s'est entretenu avec le jubilaire...

Liévin a connu à l'Harmonie municipale autant de présidents qu'il a porté de costumes : cinq au total. Et vous ne le savez peut-être pas mais il était comme il le dit avec malice le mannequin de la musique ». Entendez par là celui pour lequel on taillait le premier nouveau costume à l'heure de montrer aux musiciens leur nouvelle mise. Son dernier costume, quand nous lui avons rendu visite, était soigneusement suspendu à un cintre dans l'entrée. Attendant de partir au nettoyage avant d'être rendu. Souci permanent chez lui du petit détail, de la perfection qu'il a toujours recherchés.

«... Un départ qui n'est pas facile après tant d'années, nous a-t-il confié, mais auquel me contraignent des raisons de santé.., ,

Liévin n'a pas toujours joué du saxo-ténor :

« ... j'ai joué de la petite et de la grande clarinette, du sax-alto aussi et un soir de répétition générale pour 1'une de ces mémorables fête, de la musique, René Gryspeeert m'a mis au ténor... Mon premier sax-ténor, je l'ai acheté en 1939, à crédit ».

On a plus vite fait de demander à Liévin ce qu'il n'a pas fait à la musique que de l'inviter à nous entretenir des innombrables heures qu'il lui a données :

«... J'ai été professeur de clarinette, de saxo, de solfège ; j'ai dirigé une classe d'orchestre, recopié des « tonnes » de partitions pour les fêtes de la musique notamment... j'ai même réparé des instruments, soufflant à l'intérieur la fumée de ma cigarette pour dépister les fuites... Un jour lors d'un repas de la Sainte Cécile j'ai eu l'énorme surprise de me voir nommer sous-chef par mon ami René... Des fêtes de la Sainte Cécile, je n'en ai manqué qu'une seule, retenu à l'hôpital à la suite d'un accident... Quant aux répétitions je crois n'en avoir manqué que quelques-unes... Mais tout cela je l'ai fait avec un immense plaisir et à aucun moment pour en être un jour remercié. Je voudrais ajouter que l'une de mes plus grandes joies était de jouer entouré d'anciens élèves et plus encore de voir revenir au bercail «des musiciens qui avaient momentanément quitté nos rangs... »

Beaucoup âe changements...

Tout au long de sa carrière » Liévin Reinquin a vu bien des changements au sein de l'harmonie :

«... Je crois d'abord que les jeunes ont une immense chance aujourd'hui : celle de pouvoir apprendre la musique dans des conditions que jamais je n'ai connues. Je me vois encore chez moi allant à la cave avec une bougie pour apprendre mon solfège, Je me souviens des lointaines années où les instrumentistes n'avaient qu'une seule méthode qu'ils se passaient de l'un à l'autre pour quelques semaines... Aujourd'hui, tout a changé et c'est heureux... Gratuitement les enfants peuvent suivre les cours de formation musicale et d'instruments, on leur prête les instruments. Il y a beaucoup de jeunes à l'harmonie et je pense sincèrement que c'est un bien même si parfois ils sont un peu trop bavards pour de vieilles oreilles comme les miennes...

Il y a eu voici quelques années un grand bouleversement dans la société à l'heure du départ de René Gryspeert, Léon Dalle et Edouard Hasbroucq. Ce fameux trio qui a tant apporté à notre harmonie. Je suis alors resté un peu comme le gardien du passé. Je me souviens avoir demandé à René de rester avec nous jusqu'à ce qu'il ne puisse plus lever les bras pour nous conduire. Un jour il m'a dit « Tu sais, Liévin, les bras, je ne peux plus les lever» . C'était un très grand bonhomme. Ce triple départ a sonné la fin d'une époque et la venue de Pascal Lhonneux qui était l'un de nos sociétaires a marqué un nouveau départ. Notre musique est bien vivante et j'en suis très heureux. Je lui souhaite du fond du cœur un bel avenir...

... Et peu de temps à la maison...

Partagé entre son travail, la musique et de multiples autres activités Liévin n'était pas souvent à la maison. « Maintenant je vais avoir le temps de voir ma femme» glisse-t-il en jetant un regard a son épouse.

Car Liévin fut aussi pendant des années le directeur de la chorale Saint Martin pour laquelle il s'est dévoué sans compter. Il fit aussi partie des pionniers du cinéma le Foyer où il était opérateur ajoutant à un emploi du temps déjà plus que chargé les projections publiques, les séances au cours desquelles en comité restreint le film était visionné.

La famille Reinquin est une famille de musiciens mais comme le dit Liévin « Quand papa joue de la musique, les enfants jouent aussi. Mes parents eux ne jouaient pas mais tous deux chantaient très bien... La musique est un virus. Sur mes 17 petits-enfants onze sont musiciens et n'hésitent pas à venir me voir pour revoir leurs leçons. Et ils sont toujours très fiers de me montrer leurs résultats... Quand vient la période de la fête des mères nous choisissons un dimanche ou tout le monde est libre et alors nous faisons de la musique, tous ensemble... Nous formons une «sacrée équipe ».

Que va faire Liévin maintenant?

« Je vais m'occuper un peu de mon jardin avec l'aide des enfants et puis faire mes mots croisés dit-il en caressant une pile de dictionnaires et en feuilletant un recueil de grilles à compléter avec les mots et les (cases) noires. Des cases noires ». Quand la musique vous tient !

Propos recueillis par Ph. CARON